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Actions sur la chaîne de transmission
publication le 28/11/2018

Action sur la chaîne de transmission

1 - Agir sur le réservoir d'agents biologiques

La prévention des risques biologiques consiste à agir prioritairement sur le réservoir d'agents biologiques.
Il existe différentes façons d'agir :

1.1 - Supprimer les conditions favorisant le développement des agents biologiques

  • - Le nettoyage régulier des surfaces élimine la matière organique servant "d'aliment" aux agents biologiques. Les produits de nettoyage peuvent même tuer certains micro-organismes.
  • - Une ventilation générale en bon état de fonctionnement limite l'humidité qui favorise le développement des micro-organismes (ED 695).
  • - L'entretien et la maintenance des locaux réduit le risque d'apparition de dégâts des eaux et l'augmentation de l'humidité (ED 6299).
  • - La lutte contre la prolifération des insectes et des rongeurs limite la dispersion des agents biologiques pathogènes qu'ils pourraient véhiculer.
  • - Le ramassage et le traitement rapide des poubelles évitent la prolifération des bactéries et moisissures.
  • - Le changement régulier des litières de chat évite le développement de l'agent de la toxoplasmose pouvant se trouver dans les fèces.

1.2 - Éliminer les agents biologiques pathogènes

  • - Le diagnostic précoce et le traitement au plus tôt des "individus réservoirs", ou leur vaccination, limite l'exposition des professionnels du secteur social ou de la santé.
  • - Le dépistage et le traitement au plus tôt des "animaux réservoirs" ou leur vaccination, limite l'exposition des professionnels de l'élevage et des soins aux animaux.
  • - La désinfection des surfaces (diminution du nombre de micro-organismes présents), voire la stérilisation du matériel (élimination de tous les micro-organismes présents) peuvent être exigés dans certains secteurs professionnels tels que la santé, l'agroalimentaire... (ED 6188, Fiche 3RB Entretien des surfaces, Circulaire DGS/SD5C/DHOS/E2/DRT/CT1/CT2 n° 2004-382 du 30 juillet 2004 relative aux précautions à observer dans les services d'anatomie et cytologie pathologiques, les salles d'autopsie, les chambres mortuaires et les laboratoires de biologie « spécialisés ATNC », vis-à-vis du risque de transmission des agents transmissibles conventionnels (ATC) et non conventionnels (ATNC) ).

1.3 - Substituer les agents biologiques pathogènes

  • - La modification génétique d'un agent biologique peut supprimer ses propriétés pathogènes, comme par exemple les virus modifiés employés en biotechnologie pour introduire un gène dans une cellule (ED 6131).
  • - Le remplacement d'une souche pathogène par une souche pas ou peu pathogène est parfois possible dans les laboratoires de recherche biologique.

2 - Agir sur l'exposition

2.1 - Substituer les procédés exposants

  • - Les procédés exposants sont remplacés par d'autres pas ou peu exposants. Par exemple, le jet d'eau haute pression employé pour nettoyer les surfaces peut être remplacé par une raclette ou un aspirateur.
  • - En biotechnologie, les agents biologiques employés pour faire entrer un gène dans une cellule peuvent, dans certains cas, être remplacés par des techniques faisant appel au courant électrique (l'électroporation), au chauffage…

2.2 - Confiner les procédés exposants

  • - Les procédés exposant le personnel sont confinés pour éviter tout contact, toute projection ou toute dispersion de bioaérosols. P ar exemple, les filtres-presses des stations d’épuration sont capotés pour éviter l'inhalation de bioaérosols (ED 6152), les manipulations en laboratoire générant des bioaérosols ou des projections d'agents biologiques pathogènes sont réalisées sous poste de sécurité microbiologique (ND 2201)…
  • - Les locaux où sont manipulés des agents biologiques pathogènes répondent à des niveaux de confinement minimum, choisis en fonction de l'évaluation des risques biologiques et du type d’établissement (laboratoire d’analyses, de recherche et d’enseignement, industrie de biotechnologies…) (Arrêté du 16 juillet 2007 modifié, ED 999).

2.3 - Limiter le nombre de personnes exposées

  • - Les "zones contaminées" (salle technique de laboratoire, hall d'abattage d'animaux…) sont séparées physiquement des "zones propres" (locaux administratifs, salle de restauration…).
  • - La ventilation générale est conçue de façon à ce que l'air extrait d'un "local contaminé" n'alimente pas un "local propre".
  • - L’accès aux locaux, où sont présents des personnes ou des animaux suspects d’être infectés, est réservé aux seuls professionnels indispensables.
  • - La "marche en avant" est respectée pour éviter de contaminer les "zones propres", comme par exemple dans les unités de désinfection des dispositifs médicaux ou dans les abattoirs.
  • - Un pictogramme de signalisation est apposé sur les accès aux zones présentant un risque biologique, sur tout poste de travail concerné et toute enceinte enfermant des agents biologiques (boîte ou réfrigérateur contenant des échantillons…).

2.4 - Porter des équipements de protection individuelle (EPI)

voir dans le paragraphe suivant "Agir au niveau de la personne".

3 - Agir au niveau de la personne

Des actions sur la personne elle-même sont possibles pour lutter contre la contamination. Cela commence par le respect des mesures d'hygiène au quotidien, le port des équipements individuelle (EPI), des vaccinations éventuelles et peut aller jusqu'au recours à des traitements curatifs spécifiques.

3.1 - Respecter les mesures d'hygiène

Les mesures d'hygiènes sont à respecter en toutes circonstances. Elles ont pour objectifs d'éviter :

  • - de se contaminer par contact ou par ingestion,
  • - de transporter des agents biologiques hors des "zones contaminées" et contaminer son entourage professionnel et familial.

L'employeur doit mettre à disposition et entretenir les moyens permettant de respecter les mesures d'hygiène :

  • des vestiaires séparant les vêtements de ville et les vêtements de travail ;
  • des sanitaires ;
  • des points d'eau (munis de savon liquide, d'essuie-mains jetables et de poubelle) permettant le lavage des mains, y compris sur les chantiers mobiles et dans les véhicules ;
  • des douches, recommandées dans certains secteurs.

Les mesures d'hygiène consiste à :

  • Porter une tenue de travail spécifique en arrivant dans une "zone contaminée" ;
  • Réaliser une hygiène des mains (lavage à l’eau et au savon ou friction hydro alcoolique selon les situations) en quittant son poste de travail, avant de manger, boire ou fumer, après avoir ôté ses gants et après tout contact avec, par exemple, un objet ou un animal potentiellement contaminé (ED 6170, A 774) ;
  • En cas de blessure, laver immédiatement la plaie avec de l’eau potable et du savon puis désinfecter (affiches GERES et A 775) ;
  • Protéger toute plaie avec un pansement imperméable ;
  • Ne pas porter les mains ni un objet (stylo par exemple) à la bouche ;
  • Dans tous les cas, ôter ses vêtements de travail en quittant son poste ;
  • Dans certains secteurs, prendre une douche après le travail.

3.2 - Porter des équipements de protection individuelle (EPI)

Lorsque les mesures de prévention collectives sont insuffisantes ou ne peuvent pas être mises en place rapidement (remise en cause de l’organisation du travail, de la conception des locaux ou du matériel…), il peut être nécessaire de recourir à des EPI sur une durée limitée (fiche 3RB sur les EPI).

  • Les gants étanches protègent la peau contre les contacts avec des surfaces et objets contaminés (ED 118).
  • Les lunettes-masques et écran facial protègent contre les projections d'agents biologiques vers les yeux ou le visage (ED 798).
  • Les appareils de protection respiratoire anti-aérosols protègent contre l'inhalation d'agents biologiques (ED 105, ED 6106).
  • Les vêtements de protection protègent des contacts avec des agents biologiques. Il existe différents types de vêtements choisis selon le danger et le mode d’exposition (ED 143).

3.3 - Recourir à la vaccination

En complément des mesures techniques développées ci-dessus certaines mesures de prévention médicale peuvent être nécessaires en fonction des recommandations du médecin du travail :

  • vaccination, quand elle existe, des travailleurs en fonction des risques au poste de travail ;
  • traitement prophylactique avant un déplacement en zone d’endémie (paludisme…) ;
  • traitement ou vaccination après exposition accidentelle à un agent biologique pathogène (rougeole, VIH, rage…)
  • précautions spécifiques pour certains travailleurs : femmes enceintes, immunodéprimés, allergiques…

La vaccination ne peut en aucun cas se substituer à la mise en place des mesures de prévention ; elle vient seulement les compléter. La vaccination n’autorise pas à baisser la garde vis-à-vis des risques professionnels. Etre vacciné contre un ou plusieurs agents biologiques ne dispense pas du respect des règles de sécurité mises en place.

Après évaluation des risques poste par poste au sein d’une entreprise, le médecin du travail pourra conseiller à l’employeur la pratique d’une vaccination non obligatoire pour les travailleurs non immunisés, contre un ou plusieurs agents biologiques susceptibles d’être présents sur les lieux de travail. Il informe l’employeur des avantages, limites et éventuels inconvénients de la vaccination conseillée. L’employeur peut alors décider de recommander cette vaccination à ses salariés, auquel cas tous les frais inhérents à cette vaccination seront à sa charge : vaccin, déplacement au cabinet médical, temps de déplacement et consultation médicale.

Aucune vaccination ne peut être pratiquée sans l’accord explicite du travailleur. Après information par le médecin du travail sur les risques encourus au poste de travail, sur les avantages et les limites de la vaccination et sur ses éventuels inconvénients, le salarié conserve le libre choix d’être ou ne pas être vacciné, ainsi que le choix du médecin vaccinateur (médecin traitant, médecin du travail…).

Le Code du travail ne rend obligatoire aucune vaccination. Seul le code de la santé publique, rend obligatoire, par son article L. 3111-4, un certain nombre de vaccinations, sous réserve d’une exposition à des risques de contamination dans le cadre d’activités professionnelles précises, essentiellement en milieux de soins.

3.4 - Appliquer des traitements spécifiques après contamination

Traitements antibactériens

Les stratégies permettant de lutter contre les bactéries sont variées :

  • application d'antiseptiques sur les tissus lésés qui détruisent les bactéries en dénaturant leur structure,
  • administration d'antibiotiques qui empêchent la multiplication bactérienne interférant avec leur métabolisme,
  • vaccination servant à stimuler les défenses de l'organisme vis à vis d'une bactérie en particulier, à mettre en place avant l'exposition lorsqu'elle est connue,
  • sérothérapie consistant à injecter un sérum contenant des anticorps qui vont augmenter temporairement les défenses immunitaires.

Traitements antiviraux

Les thérapeutiques antivirales peuvent mimer ou intensifier les défenses de l'organisme mais aussi introduire dans l’organisme les molécules chimiques s’opposant à la réplication virale :

  • application d'antiseptiques appliqués sur les tissus qui détruisent les virus en dénaturant leur structure,
  • pratique de vaccination servant à stimuler les défenses de l'organisme vis à vis d'un virus en particulier, à mettre en place avant l'exposition lorsqu'elle est connue,
  • utilisation d'une sérothérapie ou injection d’un sérum contenant des anticorps qui vont augmenter temporairement les défenses immunitaires,
  • administration d'interférons, molécules synthétisées lors d'une infection virale par les cellules infectées pour limiter l'extension et utilisables en thérapeutique antivirale pour renforcer l'immunité,
  • administration d'antiviraux perturbant le cycle de réplication en agissant en particulier sur les enzymes virales.

Traitements antifongiques

Les médicaments permettant de lutter contre les champignons microscopiques (fungi) sont variées. Les antifongiques externes sont utilisés en applications locales sur la peau. Les antifongiques généraux (ou systémiques) sont administrés sous forme de comprimés ou par injection et réservés aux mycoses profondes.

Traitements antiparasitaires

Les stratégies permettant de lutter contre les parasites sont d'autant plus variées que les espèces parasitaires le sont.
Il est recommandé d'utiliser des répulsifs anti-moustiques, anti-tiques dans les zones infestées.
Il existe, après contamination, des traitements ciblés par voie orale (voire par injection en cas de besoin).

4 - Ressources et références

  • ED 6034 : Les risques biologiques en milieu professionnel,
  • ED 695 : Principes généraux de ventilation. Guide pratique de ventilation,
  • ED 6299 : Surfaces contaminées par des moisissures : Que faire ?
  • ED 6188 : La désinfection des surfaces en laboratoire de biologie,
  • Fiche 3RB Entretien des surfaces,
  • Fiche 3RB Utilisation de l'eau de Javel : procédure opérationnelle 3RB,
  • Site "grand public"Simmbad, d'information sur les biocides du Ministère chargé de l'environnement et de l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire),
  • de l’alimentation, de l’environnement et du travail)
  • Circulaire DGS/SD5C/DHOS/E2/DRT/CT1/CT2 n° 2004-382 du 30 juillet 2004 relative aux précautions à observer dans les services d'anatomie et cytologie pathologiques, les salles d'autopsie, les chambres mortuaires et les laboratoires de biologie « spécialisés ATNC », vis-à-vis du risque de transmission des agents transmissibles conventionnels (ATC) et non conventionnels (ATNC) ,
  • ED 6131 : Les risques biologiques liés aux techniques de génie génétique en laboratoire,
  • ED 6152 : Station d'épuration des eaux usées : prévention des risques biologiques,
  • Note documentaire ND 2201 : Postes de sécurité microbiologique, postes de sécurité cytotoxique : choix et utilisation,
  • Arrêté du 16 juillet 2007 modifié ixant les mesures techniques de prévention, notamment de confinement, à mettre en oeuvre dans les industries et les laboratoires de recherche et d'enseignement où les travailleurs sont susceptibles d'être exposés à des agents biologiques pathogènes
  • ED 999: Conception des laboratoires d’analyses biologiques,
  • Procédure opérationnelle 3RB : Lavage des mains,
  • ED869 "Pourquoi et comment se laver les mains",
  • "Pourquoi et comment se laver les mains",
  • ED 6170: Comment se laver les mains,
  • Affiche INRS A 774 : Hygiène des mains par friction hydroalcoolique
  • Affiche téléchargeable (GERES) : conduite à tenir en cas d'AES,
  • Affiche téléchargeable (INRS) : conduite à tenir en cas d'AES,
  • ED 118 : Gants de protection pour les métiers de la santé,
  • ED 798 : Les équipements de protection individuelle des yeux et du visage,
  • ED 105 : Les appareils de protection respiratoire et métiers de la santé,
  • ED 6016 : Les appareils de protection respiratoire : choix et utilisation,
  • ED 143 : Vêtements de protection contre les risques infectieux,
  • Calendrier vaccinal annuel publié par l'INVS